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Marina

L’Etna, une montée volcanique

Dernière mise à jour : 5 mars 2020


L’an dernier, nous partions à l’assaut des grands cols mythiques du Tour de France avec notamment le Mont Ventoux (lire ici) et le Tourmalet (). Cette année ce sont les volcans avec en Avril dernier l’ascension du Teide (Tenerife, Canaries – Espagne) et en Septembre ce fut au tour de l’Etna (Sicile, Italie). Avec ses 3 340 mètres, l’Etna est le volcan actif plus haut d’Europe et, au-delà de ses caractéristiques paysagères et de randonnées, il présente un grand intérêt également du point de vue cycliste, autant sur route qu’à VTT.

Avec notre semaine intense entre le Terre Iblee Tour (ici) et le tour de la Sicile en voiture, nous n’avons pu louer les vélos que pour 2 jours chez Cycling Sicily. Une première prise en main de nos vélos de location avec une sortie en bord de mer entre Taormina et Acireale. Les vélos répondent bien, on se régale ! En revanche, nous nous rendons vite compte qu’en Sicile ça ne fait que monter et descendre.

L’immanquable est Sicile c’est de gravir l’Etna. Nous avons prévu un trek jusqu’au cratère sommital avec un guide vulcanologue. Mais avant cela, nous ne pouvons pas repartir de Sicile sans monter l’Etna à vélo ! Deux versants, de multiples options. Monter l’Etna à vélo n’est pas bien compliqué en soi. Les parcours sont disponibles en ligne ou chez le loueur. Il existe donc deux versants : versant Sud (le plus populaire) qui amène jusqu’au Refuge de Sapienza (au pied du téléphérique pour les départs en randonnées) et le versant Nord (le moins populaire) qui amène jusqu’au Refuge de Pinao Provenzana.

Versant Sud

Versant Nord

L’Etna, un géant volcanique

A le voir depuis Catane, la ressemblance est troublante avec le Mont Ventoux. Posé sur 3330 mètres de magma en fusion, le crâne minéralisé de l’Etna est un monstre effrayant rappelant étrangement un mont hexagonal tout aussi angoissant. Entre le Mont Ventoux et le plus haut volcan actif d’Europe (le Teide est inactif), nombreuses sont les similitudes à commencer par leur place d’épouvantails de leur Grand Tour respectif (Tour de France / Giro). Sa pente d’abord : 28 km à 6,5 % de moyenne pour sa version la plus longue. Si le Giro connait pléthore de profils largement plus abruptes (le Zoncolan), le volcan fait partie de ces rares cols interminables (plus de 20 km) au même titre qu’un Stelvio ou… un Ventoux. Le mythe de la longueur et de la touffeur. Car l’Etna est en activité permanente et l’odeur omniprésente du souffre qui s’échappe de la montagne des montagnes siciliennes en confirme la difficulté. Sa fougue explosive renforce d’ailleurs un peu plus son mythe.

Ascension par Linguaglossa (Versant Nord)

Nous décidons de choisir le versant Nord, le moins emprunté pour diverses raisons. Tout d’abord, Guillaume remonte sur le vélo pour les premières fois depuis son accident en Juin. Le versant Nord est moins fréquenté par les bus touristiques, il y a donc moins de circulation. Ensuite, notre point de départ et d’arrivée est le même : chez le loueur, là où nous devons rapporter les vélos en fin de journée, du côté de Taormina. Par ailleurs, le versant Nord est plus abrité et arboré. Enfin, l’ascension par le village de Linguaglossa permet de découvrir ce village aux pavés de lave. Nous partons donc de 0, du niveau de la mer pour rejoindre Linguaglossa située à 550m d'altitude et atteindre Piano Provenzana à 1800m d’altitude par la forêt de pins Ragabo. Nous ferons une boucle de 90KM en redescendant par Fornazzo, l’autre possibilité d’ascension toujours côté versant Nord. Lorsqu’on l’approche par le nord, l’Etna apparaît comme un cône parfait, dont le versant occidental se perd dans la plaine ; l’autre descend, lui, doucement vers la mer Ionienne. C’est un spectacle incroyable.

La “Muntagna” ou « Mongibello », comme l’appellent les habitants, ne fait pas spécialement peur au regard du profil altimétrique. Au risque de décevoir, ce n’est pas une ascension aussi exigeante que peut l’être le Mont Ventoux. La montée n’est pas si mythique même si elle fait figure d’étape au Giro depuis 2017. En revanche, tout comme la montée du Teide (40km), c’est très long : 28km. Bon, ce n’est quand même pas anodin de gravir un volcan, surtout en activité ! La route est superbe tout le long et ne présente pas de très forts pourcentages. Les rampes de la fin sont en revanche difficile avec du 11 à 14% sur quelques mètres, ça surprend !

Il fait déjà bon et chaud en partant le matin, même en septembre. Tout juste 10km d’échauffement jusqu’à Piedimonte Etneo que ça commence déjà à grimper. Ce qui est agréable c’est qu’on a toujours en visuel le volcan. La route est bonne mais il y a du trafic et quelques camions jusqu’à Linguaglossa. 10km plus loin, nous voilà déjà dans Linguaglossa à 550m d’altitude. Le passage de la ville est délicat car on chemine sur des rues de pavés de lave bien noirs et polis. On en profite pour vérifier les bidons et recharger au besoin avant de partir pour ces 28km d’ascension.

Part 1 : Linguaglossa > Mareneve > Refugio Rabago

Depuis le centre de Linguaglossa commence la route « Mareneve » qui mène à la forêt de pins Ragabo. La route est large, le revêtement est très bon. Il n’y a pas de circulation ou très peu, c’est appréciable. Cette première partie de la montée est particulièrement agréable et abritée. L’arrivée dans la pinède est même un peu fraîche.

Part 2 : Refugio Ragabo > Refugio Piano Provenzana

La seconde partie de la montée, de Ragabo au Refuge Piano Provenzana est de toute beauté. Rien à voir avec le Teide ni notre Géant de Provence. On chemine sur une route séparée de lave de part et d’autre. On peut même ressentir la chaleur qui émane de la roche. L’odeur de soufre n’est pas présente à cette altitude et il n’y a pas de vent. Les kilomètres défilent sans avoir l’impression de beaucoup grimper. Puis des rampes arrivent. Pas de petites rampes, de belles rampes bien raides. Elles surprennent. Les lacets sont courts, les virages secs, il est temps d’arriver au refuge, les cuissots chauffent. L’arrivée se fait sur un énorme parking avec de nombreux chalets de guides de montagne. C’est le point de départ des excursions à pied, à VTT ou en 4x4. C’est assez désert en cette fin de matinée pour un mois de septembre. Il faut continuer 2km plus loin pour atteindre le sommet du refuge, au niveau du restaurant Monte Conca. Nous nous attardons pour une pause bien méritée, arrosée d’un coca et accompagnée d’une glace. Une belle sortie, un bon dénivelé pour la reprise de Guillaume à vélo !

En terrasse, en plein soleil, il fait bon. Mais le vent se fait senti et il est frais. Pour la descente, il faut enfiler la veste. La descente se fait par une route en lacets construite presque entièrement sur une impressionnante coulée de lave qui remonte à 1983 et qui recouvre elle-même en partie la terrible coulée qui, en 1669, s’écoula d’un cratère latéral et recouvrit une bonne partie de Catane. Là encore c’est un spectacle. Nous nous arrêtons pour contempler la nature et les traces de multiples éruptions de l’Etna. Du sommet du volcan se dégagent des nuages menaçant, un mélange de nuages et d’émanations de soufre. C’est à la fois magique et effrayant : un monstre au sommeil agité. La descente n’est pas du tout dangereuse. Elle est très fluide et agréable. Toujours pas de circulation de ce côté non plus. Le sol de l’Etna est fertile. Nous traversons d’immenses cultures agraires (olivier, vignes, arbres fruitiers) mais aussi des champs non cultivés pleins de ronces. Nous nous arrêtons à chaque kilomètre pour cueillir et se gaver de mûres. Un régal !

Petit détour par la plage de Giuardini Naxos avant de rendre les vélos. Une sortie bien plaisante. Un seul regret : ne pas avoir le temps de faire les montées du versant Sud. Notre roadtrip, entre voiture, visites, stand-up paddle, course à pied et vélo est déjà bien rempli. Si rempli que pour le balnéaire il faudra revenir, mais on en a pris plein des yeux et fait la cure de soleil avant de reprendre le travail et son quotidien.

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