Moules-frites ou Paprika ?
Après un retour sur marathon plutôt réussi en début d’année, j’ai désormais envie de m’y remettre afin d’aller chercher un chrono cette fois-ci. Afin de progresser sur marathon il faut tout d’abord commencer par améliorer sa vitesse. C’est pourquoi j’ai commencé par une préparation 10KM qui ne s’est pas concrétisée. J’ai aussitôt enchaîné sur ma prépa semi. Le semi c’est une distance qui me tient à cœur et c’est sur laquelle j’ai de bonnes références. Je me prépare donc, sans faire de coupure, tout l’été en vue d’un semi-marathon en septembre. Le semi-marathon de Lille Métropole s’impose de lui-même par sa densité et son parcours. Mais voilà que la Braderie de Lille est annulée au dernier moment et que le semi-marathon est lui aussi sur la sellette. Les mesures de sécurité exigées par la préfecture ne permettent pas à l’organisation de maintenir l’événement. Planifier un gros objectif en France devient compliqué depuis le 14 juillet 2016 … Peu d’alternatives s’offrent à nous : prendre le risque d’un semi en France ou assurer le coup et partir courir à l’étranger ! Nous n’hésitons pas une seconde et sautons sur l’occasion d’un voyage improvisé en Europe. Et c’est ainsi que nous nous retrouvons à Budapest, en Hongrie ! On a troqué les moules-frites contre le paprika, mais on garde un dossard pour Lille déjà au chaud pour 2017.
Retour sur la prépa semi-marathon - Coach Jérôme
Depuis cette année, j’ai la chance d’être entraînée par notre ami Jérôme (Docteur et chercheur! Papa à plein temps et coach à ses heures perdues). A son grand malheur il est blessé, ce qui lui permet de s’occuper un peu de moi et ce n’est pas chose facile! Une préparation sur six semaines car contrainte par les échéances et organisée en deux mésocycles : un premier dans la continuité des séances 10KM de juin puis un second axé sur de l’allure semi-marathon. Le premier cycle s’est particulièrement bien déroulé. Le second en revanche a été très laborieux car réalisé sur la maladie chronique dont je ne suis toujours pas débarrassée. Jérôme a donc du jongler entre les réponses positives au premier cycle et celles beaucoup moins bonnes du second cycle. C’est donc avec des objectifs revus à la baisse et un manque de confiance que j’arrive à Budapest. En effet, je n’ai pas pu me tester sur une course intermédiaire cet été en raison des nombreuses annulations d’événements sportifs. Sur la fatigue et mal en point, je passe d’un objectif de 1h25 à juste sous les 1h30.
31st Wizz Air International Half Marathon of Budapest
Pourquoi le semi de Budapest ? Tout simplement en raison de sa date et de localisation : une semaine après la fin de ma prépa et à quelques heures d’avion de Toulouse. La logistique est donc simplifiée avec une correspondance à Francfort. Et puis, ce semi-marathon s’impose désormais parmi les grandes courses en Europe avec une densité importante tant en termes de niveau que de nombre de participants. La marque "Run In Budapest" affiche une véritable volonté d'en faire un RDV européen (son sloglan: "The new running capital of Europe") incontournable avec un marathon, un semi-marathon, une course féminine, et encore plein d'autres courses! Bon à savoir: le semi peut se faire en Solo, en Duo ou en Trio!
Le parcours
Le parcours du semi-marathon est également attrayant : très beau parcours au cœur de la ville, au pied de grands monuments tout en longeant le Danube de part et d’autres. Roulant, globalement plat et rapide à part quelques petites bosses ou faux plat (passages dénivelés) et autant de relances (demi-tours). Le tout sur 99% bitume (très court passage de pavé et lignes de tramways sur les ponts).
Départ/Arrivée: Budapest, Parc Városliget, l’allée Olof Pálme (devant la Maison Palme)
Vidéo du parcours : ici
La course débute dans le magnifique Parc Városliget et traverse l’immense Square des Héros pour s’élancer dans le cеntrе dе Pest, à trаvеrs lе célèbrе Bоulеvаrd Andrаssy. On passe devant le fameux Musée de la Terreur, puis devant l'Opéra avant de traverser Pоnt dеs Chаînеs! De là, on admire lе pаnоrаmа du Châtеаu dе Budа, puis on longe la rіvе du Dаnubе en direction du Mont Gellert et des thermes jusqu’au kilomètre 10. A partir de là, on fait demi-tour pour traverser le pont de la liberté (on reconnaît le style Eiffel dans l’architecture métaillique verte) et passer sur l’autre rive, du côté oriental. Le parcours a changé cette année : il ne passe malheuresement plus par le parlement, le deuxième plus grand d’Europe (après le Palatul Parlamentului de Bucarest que j’ai déjà eu la chance de visiter).
Jour J: la course, départ à 9h
Deux invité surprise: le soleil et la chaleur! L'organisation émet même plusieurs messages les jours précédant la course pour prévenir de la chaleur extrême et inhabituelle pour le mois de septembre. Leur message est même déconcertant : "vous ne ferez pas votre meilleur performance mais on vous souhaite de vous régaler!" ... Bon, le message est clair. Je n'aime pas la chaleur et je ne suis pas dans la meilleure des formes. Mais on va tout faire pour essayer de passer un bon moment et profiter de cette belle ville. La question ne se pose même pas, le débardeur est de mise.
Retrait du dossard
Par chance, on peut retirer les dossards le matin de la course. Nous sommes donc là dès l'ouverture du village Marathon à 7h00. De toute manière, nous sommes debout depuis 6h00 et ça permet de prendre un peu la température.
Pas grand monde de bon matin. Tant mieux, la remise du dossard est très rapide, il n'y a personne dans les files.
On prend même le temps de s'amuse à faire sonner la cloche réservée à ceux qui battent leur records car nous savons très bien que ce ne sera malheureusement pas notre cas aujourd'hui.
L'échauffement:
Très vite le parc s'anime et la foule est en place. L'échauffement collectif commence en fanfare. La température monte, l'excitation du départ aussi. Nous nous échauffons avec les Hongrois qui prennent part au Championnat National de Semi-Marathon, de façon à rentrer dans le SAS Elite au dernier moment avec eux. En effet, la premier SAS disponible est celui des moins de 1H30, ce qui est étonnant pour une course internationale. Tous les SAS sont bien délimités par une barrière.
Le départ
Je fais attention à ne pas être entraînée par les Hongroises qui visent le championnat et partir trop vite. J'ai réglé le virtual pacer de ma garmin F10 sur 4'10 au kilo. Mais voilà, on ne respecte jamais vraiment la stratégie une fois la course lancée. Les deux premiers kilo se font en 3'45 puis je calme en 3'50. C'est fou, j'ai l'impression d'aller lentement!
La course
Voilà le 3ème kilo et déjà un premier ravitaillement. Je suis surprise. Je ne le prends pas pensant attendre celui du 5KM. Hélas pas de ravito au 5KM! Je commence à me caler entre 4'05 et 4'10 car j'ai déjà soif. Pas forcément chaud sur moi mais soif et fatiguée. Nous traversons le Pont des Chaînes.
Nous sommes désormais passé de l'autre côté de la rive du Danube, au pied de Buda. C'est mangifique mais qu'est-ce que le soleil tape! Nous attaquons alors une longue ligne droite sur les quais, avec le soleil plein face, jusqu'au 11KM. Je regrette la casquette ou visière! Je dois même fermer les yeux. Je commence à vasciller. Sans compter ce point de côté qui devient aigüe. Je prends donc le temps au ravitaillement de m'arrêter, marcher pour boire correctement et bien souffler pour faire passer ce satané point de côté que j'avais ressenti al veille au soir lors du footing.
Puis vient le demi tour vers le 12KM. Et là, subitement grand regain d'énergie, tout va bien! Je repère une fille devant moi aux chaussettes longues oranges (ou roses, je ne suis pas super lucide avec mes tympans qui cognent). Je remarque qu'elle a un lièvre. Je les rejoins; je reste calée derrière par prudence. Je me surprends à être vraiment bien, je prends le relai mais la féminine décroche. Je colle son lièvre qui lui continue. Puis on passe le pont de la Liberté. Hélas, il va partir tout seul maintenant que sa féminine est distancée.
De l'autre côté de la Rive (côté Pest), le soleil est dans le dos. Chacun cherche le peu d'ombre qu'il y a. Je relance, je me sens voler.
On remonte des quais, encore un demi-tour puis on file vers la fin du parcours. Zut, la fille aux chaussettes oranges me revient dessus. J'ai du m'endormir en étant seule. Puis, on voit au loin le KM17, tout en haut d'un pont qui à l'air de bien grimper. Par prudence je ralenti pour m'économiser et ne pas augmenter mon cardio. En haut du pont un "wagon" de 3 filles mené d'un lièvre me double! Elles jouent certainement quelque chose pour le championnat. En fait, je n'avais pas la moindre idée d'être à ce moment là dans le Top 10! Elles vont vite! Je commence à subir la chaleur, ça ne va plus très bien. Et à partir du 18KM je commence à m'arroser, me renverser de l'eau partout: pour me réveiller, me rafraîchir, m'hydrater, je ne sais plus. Je sais que ce n'est pas bon signe en général. D'autant plus que je déteste courir les chaussures complètement trempées et donc lourdes et lisses. Malin! La fin me semble interminable. Je double une dernière fille en perdition (elle était passée au 10KM en 38'19, whaou!!). J'essaie de faire des calculs: à un moment donnée (pendant 10secondes) j'y crois au 1h26, puis j'abandonne dans la tête en me disant que moins de 1h30 c'est déjà pas si mal. j'ai tellement peur de m'évanouir si j'accélère ... Enfin le square des Héros, plus d'un kilomètre. Il me faudrait faire 3'45 pour battre mon record. Je vois le virtual partner qui m'annonce tout à coup en avance puis l'instant d'après en retard. Je ne réfléchis plus, je veux juste finir et boire un coca ou une limonade! Finalement, 1h27h56.
La ligne franchie, je continue de courir pour chercher le ravitaillement! Et là, on te donne une poche et une grand bouteille d'eau. On me tend aussi une drôle de canette: oups c'était de la bière ou un panaché, je ne sais pas mais ça n'était pas bon du tout! Je retrouve Guillaume que j'avais entendu m'encourager sur la dernière ligne droite. Nous ne sommes pas très bien: lui avec son gros mal aux tendons et moi mon coup de chaud. Nous filons donc à l'hôtel pour bien récupérer. Et laisser place à la décompensation!
Globalement, avec le recul ça reste une belle performance vues les conditions et l'état de forme du moment. Sur le moment et deux ou trois jours après j'avais encore cette grande déception d'être passée à côté. Et plus que cela, c'était de ne pas y avoir pris du plaisir (excepté sur quelques kilomètres d'euphorie). Sur le moment, j'ai eu l'impression de faire une course toute en souffrance sans pouvoir y faire grand chose : totalement fatiguée par le soleil qui tapait en plein dans les yeux; les tympans qui bourdonnaient et me donnaient des vertiges. Et sur la fin, je voulais juste être sûre de réussir à franchir la ligne tellement je me sentais "partir". Il faut dire que comme d'habitude j'étais à jeun et je n'ai pas pris le gel que l'on voit dépasser de la poche de mon short. J'avais trop peur d'aller encore moins bien en m'alimentant. La gestion alimentaire reste mon grand point faible! Donc, beaucoup d'enseignements malgré tout. On verra se qu'en dira le coach qui planche déjà sur la prépa pour le marathon de Rennes. Prépa qui débutera après trois-quatre jours de récup'.
Résultats
HOMMES: 1. Henry Kemboi (kenyai) 1:05:39 óra 2. Abel Kibet Rop (kenyai) 1:06:54 3. Józsa Gábor (MAC) 1:07:44 - magyar bajnok FEMMES: 1. Christine Moraa Oigo (kenyai) 1:18:52 óra 2. Kácser Zita (DSC-SI) 1:19:25 - magyar bajnok 3. Staicu Simona (Dunakeszi VSE) 1:20:10
Vidéo du live
et La course vue par le drône
Maintenant place aux visites mais à vélo! On vous raconte la suite dans un autre post dédié à la découvete de Pest, de Buda, de jour comme de nuit et de que l'on retient de Budapest en un grand week-end.
Ce que l'on retient de ce semi-marathon à l'étranger
Une inscription assez chère pour un semi : 55€
Un package du coureur peu garni
Une très bonne organisation
Une bonne ambiance, surtout sur la zone du départ/arrivée
Des supporters et bandas sur les quais et les ponts
Un parcours magnifique avec de nombreux points d'intérêt touristique
Un parcours roulant avec des relances (descentes et montées des quais, passages sur les ponts, demi-tour secs)
Un niveau relevé (pas forcément cette année en raison des conditions)
Une météo tempérée (sauf chaleur exceptionnelle cette année)
Un ravitallement après-course plutôt léger
Des SAS larges en termes de chronos (pas de SAS sous les 1h30 c'est dommage!