Marathon d'Automne, le Marathon de Francfort avait lieu le 30 octobre dernier. C'était au tour de Guillaume, après Marina à Rennes (lire ici) de tenter d'améliorer son chrono sur un parcours réputé des plus propices au records personnels. La météo du mois d'octobre et les températures froides peut venir jouer les troubles-fêtes ...
Date: Fin Octobre
Nombre de participants: 15 000
Densité: 100 premiers < 2h30
Heure du départ 10h00 (changement d'heure d'hiver)
Site web: www.frankfurt-marathon.com/fr/
Avant-propos: retour en arrière sur une préparation difficile
Petit historique des deux derniers mois pré-marathon. Je traîne depuis des années des entésopathies (calcification de l’insertion du tendon sur l’os) des deux tendons d'Achille dont je contrôle l'inflammation en m'astreignant à des étirements, glaçage, patch anti-inflammatoire voire mésothérapie là ou surement beaucoup de coureurs n'insisteraient pas.
Après le semi-marathon de Budapest (voir récit) j’ai ressenti une nouvelle gêne/douleur sous le talon droit à chaque impact au sol. Les résultats montrèrent une petite fissure du calcanéum droit. Consultation dans la foulée chez un médecin du sport à Tarbes. Il me conseille, vu que ma fin de préparation marathon est proche, de continuer tant que j’arrive à supporter la douleur. Il n'y a pas de risque d'entraîner à termes de grosses lésions. Dans tous les cas, après le marathon il me faudra obligatoirement (suivant des résultats de scintigraphie) stopper au mieux 3 à 4 mois la course à pied, le calcanéum étant un os très long à consolider. Je le remercie vraiment de son pragmatisme qui le différencie de beaucoup de médecins qui ne savent que dire une seule phrase aux sportifs : " il faut se reposer maintenant, monsieur".
Je reprenais donc la prépa, la douleur ne devenant qu’une gêne de plus en plus minime : peut être mi suis-je habitué? ou les endomorphines?
S-1 : la semaine pré-marathon et l'aléa météo
On en arrive donc à la semaine pré-marathon. A ce stade-là, je suis sinscrit sur les marathons à la fois de Rennes et de Toulouse. Car oui à la base c'est l'un de ces deux marathons prévus le même jour que j'étais sans cencé faire. J’avais en effet fait le choix plusieurs mois avant de diminuer les risques météo en ayant pour:
1ère option: courir le marathon de rennes ou j’avais un dossard gratuit et la famille de Marina y habite
2ème option (plan B) : rester à Toulouse s’il faisait mauvais à Rennes ( c' est sûr qu’en Bretagne il pleut jamais :) et courir à domicile.
Mais catastrophe, en tout cas pour mois psychologiquement! La météo joue avec mes nerfs: les jours de la semaine avancent et aucune des météo ni de Toulouse ni de Rennes se prêtent à un marathon.
Rennes; Vent de face et risque important de pluie alors que la Bretagne connait le mois d'octobre le plus ensoleillé de France!
Toulouse: Chaleur et vent violent (rafale à 40km/h)
Jusqu'au tout dernier moment ... c'est-à-dire 30min avant d’embarquer dans l’avion pour Rennes, je n’arrive pas à me décider. Je bloque psychologiquement et me sert d’un prétexte pour rester à Toulouse. Marina s'envole donc seule vers Rennes (lire ici). Et ce sera donc logiquement Toulouse pour moi, même si le samedi après-midi je n'y suis plus : plus d’envie, plus rien...
Je sens que ça va être vraiment compliqué demain entre toute cette énergie dépensée inutilement, le stress de savoir que ça va être mon dernier marathon avant longtemps, etc. Je m'invente donc encore un ixième plan : si je vois qu' il y a trop de vent à Toulouse, que je n' arrive pas à le gérer je stoppe. Je me rabats sur le marathon de francfort la semaine prochaine. A condition de stopper obligatoirement au 15ème kilomètre et pas plus tard car le pré-enregistrement d’avion que j' ai fait la veille s’arrête à midi! il faut donc que je sois devant mon ordi avant cette deadline.
HOULALA!!! Vous allez me dire que c’est compliqué tout ça!!! Et vous avez raison : on peut pas aborder une course aussi difficile que le marathon dans ces conditions et donc c' est sans surprise que je m' arrêtais à Borderouge dans l’incompréhension des spectateurs qui ne comprennent pas pourquoi je m' arrêtais si tôt sans être visiblement blessé ou épuisé. Certains organisateurs m'empêchent presque de m'arrêter et refusant de me dire où est le métro. Je m’excuse aussi pour ceux qui ont pu me trouver antipathique avant le début de la course et pendant. Je n’étais pas super bien et pas envie de faire la fête.
Bon voilà le préambule était long mais je pense qu’il était important d’expliquer comment j’ai pu me retrouver à faire le marathon de Francfort, un marathon qui me plaisait depuis longtemps mais qui n’était pas du tout prévu pour cette année.
Francfort: densité, rapidité
Marathon réputé plat, rapide, ultra dense et avec une météo en cette saison qui a l’air assez souvent propice: rarement du vent et entre 5 degrés le matin et 15 l’après-midi.
Organisation idéale: Toulouse-Francfort
L'organisation du marathon de Francfort est idéale : vol direct depuis Toulouse. Départ à 10h30 la veille du marathon, pour une arrivée à 11h30. L'aéroport de Francfort ne se situe qu'à 15min en TER du centre-ville et centre financier, lieu du départ de la course. Et les hôtels aux alentours sont abordables, notamment le Mercure Hôtel que j’ai choisi à tout juste 1km de la ligne de départ.
Je peux donc faire la sieste et me reposer en début d'après-midi. Après ces deux dernières semaines mouvementés, la motivation, perdue la semaine passée, revient petit a petit.
Marathon Expo
Je me rends à la foire expo du marathon en fin d'après-midi. Une foire expo très belle, bien organisée digne d’un grand marathon type Paris par exemple, mais je ne m'attarde pas car je n’ai l’intention de rien acheter. Et je ne veux pas m'éterniser à piétiner parmi la foule.
Rituel veille de course:
Petit footing de décrassage, je m’étire , mange tranquillement sans me presser car gros avantage de Francfort : le départ est à 10H et avec le changement d’heure on gagne une heure de sommeil! Il est vraiment agréable de savoir que pour une fois on ne sera pas réveillé par le réveil le jour du marathon.
Jour J :
Dimanche matin réveil donc tranquille 4h/4h30 avant la course. Je mange donc un peu plus que d’habitude. Je mets le nez dehors: la météo est quasi parfaite pas ou peu de vent, frais sans être glacial.
Le départ: la bousculade à l'entrée des SAS
Je me rends au départ assez tôt car l'entrée dans le SAS me fait un peu peur. Je suis dans le premiers SAS, celui derrière les Elites. Mais en fait, il s'agit du SAS -3H accessible à tout coureur ayant déjà couru sous les 3h ou visant 3h car il n'est demandé aucun justificatif de performance (Bon les Allemands sont respectueux mais j’ai entendu des français visant 3h10 être dans ce SAS). Je suis étonné pour un marathon de cette envergure et densité. Il est étrange pour un marathon avec sûrement une des densités les plus importantes d’Europe (L'année dernière 140 athlètes avaient fait moins de 2h35, à titre de comparaison il y a 3 ans à Paris en 2h35 j' avais fait 70eme) car dans la plupart des marathons (même régionaux comme Toulouse) il y a en général un SAS moins de 2h45 avant celui des -3h...
Je rentre donc dans le SAS 15 minutes avant le départ : impossible de me faufiler plus loin que la 5/6eme rangée et des petits malins arrivés à la dernière minute arrivent à passer par-dessus les barrières et à se mettre en première ligne me rejetant plus loin encore. On est serré comme des sardines et le départ est déjà donné. Pour la première fois de ma vie mon temps officiel ne correspond pas à peu près à mon temps réel : 8 secondes pour franchir la ligne ça peut faire rigoler certains mais c' est pas habituel pour moi...
Ci-dessous : Où est Charlie? ... un indice: 3ème ligne
Les 500 premiers mètres sont un véritable circuit de zigzag. Il faut pousser pour se faufiler entre les coureurs en 3h ou plus partis en première ligne.
En plus, mais on m'avait prévenu, la montre GPS n'arrive pas à se caler à cause des gratte-ciels. Je fais donc les 3 premiers kilos dans l'inconnu chronométrique. 2KM pris en 3'50 à la montre puis 3'20 le 3KM. Le niveau est tellement énorme que j' ai l’impression de voir des centaines de coureurs devant moi. Soit je double, soit je me fais doublé mais impossible de me stabiliser dans un groupe dans les mêmes repères chronométriques avant le 10eme kilo passé en 36min30.
La course : une première boucle dans le centre d'affaires
La première partie est en centre-ville avec un monde impressionnant! Le beau temps y joue surement pour beaucoup mais on commence à s’éloigner un peu et les spectateurs bien qu’encore présents sont moindres.
Notre petit groupe file à allure régulière en moins de 3'40/km jusqu' au 15/16km où on se fait rejoindre par un "peloton" d’au moins 20 coureurs! Je n’avais encore jamais vu ça en pleine course à ce niveau-là voir des groupes aussi nombreux revenir de l’arrière... J’en profite étant à l’aise pour prendre le train et sauter dans ce wagon! Je comprends vite qu'est-ce qui motive tout ce monde à profiter ensemble de la course : en tête de ce cortège un « pace » (meneur d’allure) avec dans sa roue une femme en tenue disons décontractée (culotte d'athlé) et au niveau de la région fessière particulièrement bien dotée. Tout le monde suit et personne n’a envie d'être en tête. Ça peut paraitre con mais un marathon c’est long et monotone, la moindre chose distrayante est un plus psychologique. Je fais donc comme tout le monde.
La course: deuxième partie le long du Main
Passage au semi en 1h16'50 : pile c'est dans mes objectifs de prépa mais peut être un poil vite. Dans le contexte de ces dernières semaines j' ai revu à la baisse mon chrono passant d’un objectif de 2h34 à 2h35/36. Après le passage du semi, le pace se met à très légèrement accélérer. Son boulot est très certainement d’amener la féminine sur un chrono inferieur à 2h34. Je m’accroche car.... la raison est toujours la même qu’éditée précédemment.
Au 26ème première alarme premier début de crampe : c’est pas bon beaucoup, beaucoup trop tôt! Je suis obligé de décélérer et de laisser filer le groupe. Je veux a tout pris finir la course.Mais continuer à ce rythme avec des débuts de crampe est un suicide. Les crampes ne diminuent pas et s’accentuent au fur et à mesure des kilomètres. Ca ne m’étonne qu'a moitié car même si j’ai fait des séances de plus de 35 km sans en avoir, la semaine dernière avec le stress j’ai beaucoup consommé en sels minéraux. Et cette semaine, je me réveillais en permanence en sueur. Je m'en doutais donc, moi qui en ait souvent, je suis en carence! Je faiblis de plus en plus pour me stabiliser en 4'20/30 autant dire que le chrono est fini!.
Une fin de course en douleur: carences et crampes
Au 35ème, je dois même m'arrêter par deux reprises ayant une énorme boule de crampe dans l'ischio jambier gauche mais depuis le 30ème kilomètre on est revenu dans le centre-ville et la foule permet de se motiver à finir. ça fait du bien!
Les 3 derniers kilos, un sursaut d’orgueil me permet de ré-accélérer un peu en 4'10 et je rentre sur le tapis rouge de l’immense Palais des Festivals -notamment connu pour accueillir l'OcktoberFest, la fête annuelle de la Bière- transformé en discothèque pour l'occasion: un grand show à l'américaine avec un long tapis rouge, une pluie de confettis, des projecteurs de partout et une foule en délire avec des pompomgirls pour l'animation!
Je profite de ce dernier 100m, même si la déception est là. Je lève les bras et profite des pompomgirls comme le montre la vidéo de mon arrivée.
Verdict 2h 47 10 : rien à ajouter.
Comme d’habitude, je m’écroule et reste quelques minutes à terre. Puis, je vais me faire masser et je rentre à l’hôtel à pied puisque les tramways ne fonctionnent pas à cause du marathon. En fait avec l’échauffement plus les a cotés on fait souvent bien plus qu’un marathon : là j’ai dû faire 45/46 km au total.
L'après-course : récupération et balade au jardin botanique
Grâce à la gentillesse du personnel du Mercure, je peux rester jusqu'à 15/16h à l hôtel sans surcoût additionnel. L’avion n'étant qu'à 21H je profite de la fin d’après-midi pour aller visiter le magnifique jardin botanique avec une des serres les plus grandes d’Europe. Mais aussi le vieux centre-ville Romerberg : sympa mais fatiguant avec le sac sur le dos après un marathon!
Avant de prendre l’avion, je me lâche et entamme ma phase de "décompression alimentaire" par un tour chez Burger King avec un hamburger Halloween de couleur....rouge sang.
Conclusion : Francfort > Plat, Rapide, Desnse
Ce que je retiens de ce marathon, mis à part le fait que j' y suis arrivé dans des conditions psychologiques qui ne m' ont pas permis de performer, c'est que c’est un des marathons les plus plats que j' ai fait à part Séville, que la densité est énorme (même si 2h47 n' est pas extraordinaire je finis je crois autour de 500eme), la météo a été parfaite. Le seul bémol est le départ que l'organisation pourrait améliorer et le manque d’intérêt touristique mais sinon je le conseille à ceux qui veulent faire un chrono notamment par rapport à Hambourg ou Rotterdam.
La suite: arrêt 3/4mois pour blessure
Pour la fin de l’histoire, la semaine suivante la scintigraphie confirmera la fissure du calcanéum gauche plus une fracture de fatigue du tibia gauche. Le médecin de Tarbes me préconise 3 mois d’arrêt complet de running puis reprise si aucune douleur.
Apres une phase d’acceptation rapide puisque anticipée, un nouvel objectif pour l’année prochaine me trotte rapidement dans la tête : profiter de cette convalescence pour me remettre à nager et pédaler pour pouvoir faire un half ironman (70.3) en mai/juin. Ca va pas être de la tarte car même s'il y a 15 ans j’avais fait 2/3 ans de triathlon avant de faire de l'athlé, j’étais un piètre nageur et n’ayant plus nagé depuis ça risque pas de s' être améliorer. Néanmoins, le fait de faire une discipline avec une grosse marge de progression est très motivant! Et Marina va s'y mettre aussi en parallèle de ses obvjectifs sur route. De toute façon, comme beaucoup de mes amis le savent vu ma boulimie 3 mois sans sport ça voudrait dire 10 voire 15 kilos de pris. Alors, affaire à suivre pour de nouvelles aventures toutes aussi épiques.