Le triathlon de l'Altriman c'est le triathlon de montagne dans les Pyrénées. Cette année, pour la 10è édition, l'organisation a mis les bouchées doubles et a concocté un parcours encore long, encore plus difficile que les années précédentes : 1.9KM natation, 100KM et 2500D+ vélo, 21KM et 400D+ course à pied. Il s'agit de mon premier triathlon L (format half ironman). Pourquoi l'Altriman? Tout simplement parce que c'est un des plus beaux triathlons longue distance en France et que cette année c'est la sortie club. Et puis, les Pyrénées, c'est un peu notre terrain de jeu à vélo à côté de la maison! Autant de raisons pour ne pas manquer cet événement. Mais est-ce bien raisonnable pour un premier dossard depuis plus d'un an et pour un premier half?
Une préparation compliquée
Après ma fracture du bassin (Octobre 2017) et une consolidation anormalement lente, j'ai repris le sport par de la natation puis progressivement par du vélo. Ce n'est qu'à partir d'avril dernier que j'ai enfin pu commencer à recourir avec quelques footings. J'ai donc tout misé sur le vélo. La préparation concoctée par Guillaume a débuté par le stage du club à Tenerife en Avril (lire ici), s'est poursuivie par le stage en Ariège (ici) et plusieurs week-ends intensifs à deux dans les Pyrénées (lire ici). La fin de la prépa a été compromise avec le grave accident à vélo de Guillaume (une reco Altriman qui finit mal). Je n'ai donc pas pu terminer ma prépa par notre semaine dans le haut pays Niçois ni reconnaître le parcours de l'épreuve. Pas de triathlon M pour débuter la saison, pas de cyclo, aucun dossard. Et surtout, mi-juin je n'ai plus du tout envie de participer à l'Altriman. De plus, l'état de Guillaume étant toujours délicat, il ne peut pas faire le déplacement. Je prends donc à reculons la route des Angles, coachée par un "Guillaume-bis", en la qualité de ma copine cycliste Marion sans qui je n'y serai jamais allée.
J-1 - Village des Angles
A J-1, c'est le moment de retirer le dossard et de filer voir les quarts de finale de la coupe du monde : France-Urugay. Tout le monde a eu la même idée que nous, il y a donc la queue au retrait. Répérage express du départ natation et du parc à vélo. Petit tour rapide à la boutique Altriman pour dépenser le bon d'achat de 7.50€ offert avec le dossard. Nous arrivons à temps pour le début du match à l'auberge. La fin d'après-midi est consacrée à la préparation de l'équipement (checklist), au rappel des difficultés du parcours et un petit footing de décrassage. Le repas du soir avec tout le groupe du club fait monter la pression. Les participants de l'Altriman (le full) sont à table aussi : c'est carrément une autre aventure pour eux ...
Jour J - Altriman
Réveil à 6h. Les garçons de la chambre d'à côté (couché à 22h) braillent sur le balcon. On sort la tête par le balcon et là c'est la mer de nuage: gros brouillard au dessus du lac. On apprend alors que la partie natation de l'Altriman a été modifiée (4x 800m au lieu des 2x1.9km) et décalé. Le départ du half Altriman est donc lui aussi décalé et n'aura lieu qu'à 9h. Petit déjeuner avec le groupe: un thé et un biscuit, et c'est plié. Je suis prête à l'avance alors je vais tranquilement en voiture à la base de loisirs des Angles, sur le départ. Il y a déjà beaucoup d'attente pour aller déposer ses affaires au parc à vélo. Tous ceux du club sont sur la même rangée. Pratique pour se croiser aux transitions et voir où on en est. Là encore je suis prête très tôt et je n'ai pas envie de mettre tout de suite ma combinaison. Les copains TUC arrivent au fur et à mesure, ça papote, le temps passe vite. L'envie et la motivation ne sont toujours pas là. Je me demande même pourquoi je suis venue. Mon ami Manu Labrid (L'Union Triathlon), habitué des longues distances, a les mots rassurants avant le départ.
Natation (1.9KM)
Après un plan A, B et C, c'est finalement le plan A qui est validé par l'organisation. Ce sera donc 1 seule boucle de 1900m avec deux bouées. Le brouillard s'est totalement dissipé et le soleil commence à apparaître. Le briefing n'est pas audible et c'est déjà le top départ. Un départ les pieds dans l'eau. La machine a laver se lance, c'est la bataille : des coups, deux tasses, quelques brasses, pfff ça commence mal cette natation. Je m'agace de me faire couper la voie par des nageurs qui ne vont pas droit ou qui ralentissent devant. Sans compter que je ne distingue pas du tout le première bouée, alors je suis la masse. Enfin, la première bouée, ça commence à se décanter. Pour rejoindre la seconde bouée, il faut longer la côte sur notre gauche. Enfin, je peux poser ma nage et visualiser la bouée. Au virage de la bouée, je retrouve mon copain d'entraînement (Jean-Louis) et lui fais un coucou. Il a l'air surpris de me voir dans ses pieds. Il file aussitôt. Le retour vers le rivage se voit au loin avec deux grandes flammes. Il y a moins de monde autour de moi. Je me demande d'ailleurs si je ne suis pas dans les derniers, mais je n'ose pas me retourner. J'avance, puis je vois vite que les copains du club sont atour de moi. C'est que je ne m'en tire pas si mal que ça! J'ai fait beaucoup de progrès depuis que je vais aux entraînements du coach Alex le vendredi soir (20h30-22H, faut être motivé en fin de semaine!). Aucune idée du chrono, je n'ai qu'une hâte c'est de sortir de l'eau: 38min. Je n'ai pas vu le temps passé! Les séances au Lac de La Ramée à Toulouse ont du porter leurs fruits.
Transition 1 (T1)
Une T1 anticipée. La transition entre la sortie de l'eau et l'entrée du parc à vélo est particulièrement longue. J'opte donc pour retirer aussitôt ma combinaison pour mieux courir derrière. Visiblement, je suis une des seules à l'avoir fait. Je double du monde sur le chemin du parc. Je suis contente d'attaquer le vélo. J'avais pourtant tout bien étalé au pied de mon vélo pour une transition efficace, au final plus de 4min pour m'habiller et sortir: une éternité. En raison de la difficulté du parcours j'ai opté pour ne pas mettre la trifonction. J'ai donc pris le temps de bien me sécher le haut du corps et chaque orteil (pour anticiper le confort en cap). Puis, j'ai enfilé rapidement le maillot de cyclisme avec les poches de derrière déjà bien chargées (y compris le coupe-vent car orage prévu vers 14h). Et là, je galère à mettre mon casque (bien positionner les cheveux pour ne pas qu'ils tombent sur la nuque et chauffent le cou pendant plus de 5h en plein cagnard). Même chose avec les gants que je n'arrive pas à enfiler. Bon, en même temps je n'ai jamais travaillé les transitions: il n'y a pas de secret.
Vélo (100KM, 2500D+)
La stratégie du vélo avait été établie à l'avance par Guillaume: partir à fond, finir comme on peut. Le tout était de se faire plaisir avant tout sur le vélo car c'est la seule discipline que j'ai pu travailler. Le volume je l'avais fait, le dénivelé aussi. Au final, je n'avais pas d'appréhension sur le parcours vélo mais sur l'enchaînement et la duée totale de l'épreuve.
Je démarre bien et attaque rapidement les premières bosses avec les cuisses dures après la natation. Je double avec surprise Estelle Barré dès le 5KM, puis Laura du TUC, une bonne nageuse, dès le 9KM. Je continue de dérouler pour détendre les cuisses qui reviennent à la normale. Col de la Quiliane et Col de Llose avalés avec facilité. Puis mes sinus me font souffir. Je suis dégoutée, j'ai très mal à la tête et mon rythme baisse brutalement. Sans compter qu'on nous rajoute un bon petit col surprise (Col de la Jouel) avant le Col de Creu avec de sacrés rampaillons. A peine 30km d'effort et un mal de crâne que j'ai envie de lâcher l'affaire. Je me fais distancer dans les descentes. Je ne suis pas là pour prendre des risques, et l'accident de Guillaume (voiture contre vélo) est toujours à l'esprit. La vague jaune est sur la route: les supporters TUC sont nombreux, on en voit partout, en course et sur le bas-côté, ça donne le sourire!
Une bonne descente permet de récupérer (et perdre du temps pour moi) avant d'attaquer les deux plus grosses difficultés du jour: la côte de Carcanières et le col du Pailheres. Le soleil commence à taper. Je prends soin de croquer dans ma barre par petits bouts et de bien boire pour me délester d'un bidon avant le Pailhères. Subitement, des gens nous font signe de s'arrêter dans la descente: accident voiture contre vélo, ça recommence! Je m'arrête et vois un copain TUC à terre près d'un blessé. Grosse frayeur pour mon partenaire Jean-Louis, il n'a rien, en bon secouriste il s'est juste arrêté. Je rassure le gars espagnol et voit qu'il y a pas mal de monde autour. les secours sont en route. je repars les larmes aux yeux. Je me ressaissi rapidement sinon je ne vais plus rien y voir! La descente passe mal: je me fais doubler dans des virages, il y a des travaux, une circulation alternée que personne ne respecte, etc. C'est moyen tout ça!
La côte de Carcanières passe; j'avance à des allures similaires à mes sorties vélo mais en deça pour un mode compétition. Je peste contre moi. Après le mal de crâne, c'est le coup de chaud dans le col du Pailheres. Et mon ventre fais des siennes: il sature la boisson isotonique (trop sucrée, mal dosée). Il me faut de l'eau et uniquement de l'eau. Heureusement, mon sauveur (Jean-Louis du TUC) me rattrape dans le Pailheres et m'asperge d'eau fraîche. On papote et on finit la montée ensemble. Enfin le demi-tour arrive, c'est le soulagement. Fin des difficultés, c'est le retour au parc. Je m'arrête au ravito situé en bas du Pailheres pour vider mon bidon et recharger uniquement en eau. Je préfère perdre ce temps que d'avoir mal au ventre, au risque de vomir et finir mal. C'est reparti!
La fin avec le Col des Hares, je le connais: c'est la seule partie de la reco que nous avons pu faire avec Guillaume avant de se prendre une voiture de plein front dans la descente. Autant la montée ne me fait pas peur et j'avance plutôt bien en papotant avec les espagnols autour de moi, autant la descente est tendue. Je ne veux prendre aucun risque ni revoir le lieu de l'accident. En haut du col des Hares il ne reste plus que 17km environ, en faux plat montant. J'ai un regain d'énergie (ou c'est le soulagement d'avoir passé la zone de l'accident). J'appuie fort, j'ai les plantes des pieds qui chauffent, alors j'appuie encore plus fort pour vite en finir! Un peu trop d'ailleurs: j'appuie dans un virage avec gravillons, je chasse et je pars dans le fossé. Malin! Mais la chute est évitée de justesse. Petit arrêt et ça repart de plus belle avec de longues lignes droites. Les 10 derniers kilomètres roulent bien, je me sens particulièrement bien, pas entamée. Je prends d'ailleurs un QOM (Queen of Mountain) sur ce long segment. Je finis en tournant bien les jambes sur le petit plateau pour amorcer la transition CAP. Il est finalement très bien passé ce vélo, sans jamais être dans le dur, ni être dans le rouge niveau cardio.
Transition 2 (T2)
Un peu moins laborieuse que la T1 mais tout aussi longue. je mets un temps fou à me déchausser et rechausser, puis à enfiler correctement ma casquette (oui il faut refaire la queue de cheval etc.). Décidemment, les transitions sont à bosser! Mais j'ai enfin les pieds à terre et je peux attaquer la course à pied, juste pour finir quitte à marcher. j'enlève mon maillot de cyclisme et part directement en brassière: le soleil est là, inutile de perdre du temps à mettre un débardeur ou tee-shirt.
Course à pied (21KM, 400D+)
Je démarre avec de bonnes sensations. Je me surprends à être dans des allures correctes entre 4'30 et 4'50 dans le sous-bois. l'aller-retour sur la digue permet de croiser les concurrents et de se faire une idée du classement. Les premières nanas sont loin devant: impressionnantes! On croise aussi les copains du club, c'est rigolo! Les 5 premiers kilo passent vite. Petit arrêt dans les buissons et je repars vers les hauteurs: il y a 400D+ à se taper sur ce semi tout de même! J'avais bien étudié le parcours CAP: ça grimpe du 8KM au 15km, là où l'on fait le demi-tour, puis on redescend. Je fais donc comme tout le monde: je marche dans les montées. Je me dis qu'il serait bien de faire moins de 2h sur ce semi sinon je vais trouver le temps long et m'endormir! Il y a peu de féminine en point de mire, ça n'aide pas à se motiver dans les pentes. Puis, je pense aux copines (à Sissi et son MIUT, à Mimi) qui n'auraient jamais marché dans ces pentes ridicules. mais bon, j'ai peur de me déclencher des petites douleurs au mollet, au bassin alors j'y vais doucement; et je guette la défaillance, car depuis 9h le matin je n'ai mangé qu'une demie-barre sur toute la course. Je m'arrête à chaque ravito boire une gorgée d'eau et m'arroser un peu. Fin de l'ultime côte, je double une féminine et hop il est temps de dérouler un peu. Je me sens très bien, les jambes répondent, c'est agréable. Je m'éclate! Je croise Manu qui voit que je me régale, il m'encourage. Je suis contente de le voir (avec la 3è féminine aux fesses!). Je file rapidement vers le demi-tour qui se trouve dans un parc près d'un autre lac; la région est magnifique. Un ravitaillement de luxe (avec des Haribos!!) au demi-tour mais je prends juste un gobelet et c'est enfin le retour, ça sent la fin de la course. Je lâche tout en descente. je ne fais pas exceptionnellement vite, je laisse aller mais je double beaucoup de monde. C'est étonnant. J'apprécie la fin du parcours d'autant plus. J'en profite pour doubler deux ou trois féminines sur lesquelles je n'aurai jamais pensé revenir. Je ne suis pas du tout fatiguée, le corps répond bien. Je repense au message de Manon, à ses conseils, de prendre du plaisir et c'est le cas. La ligne d'arrivée est étonnante avec ces marches jusqu'au podium sur lequel se trouve l'arche. Petit temps d'arrêt pour la photo, puis surprise: une médaille rose et un tee-shirt de finisher! Très sympa cette organisation!
7h23 d'effort, Top 10 Feminin, Podium catégorie
Un chorno sous les 8h au total, objectif doublement atteint: être finisher et passer sous les 8h. C'est donc une très belle première expérience sur le triathlon longue distance. Avec en prime un Top 10 féminin (9è féminine) et un podium dans ma catégorie d'âge! Mais j'imagine mal passer le le XXL. Le format de ce triathlon montagneux me convient bien. J'espère pouvoir en faire un autre dans l'année. Place aux soins tout d'abord, car mon bassin n'est pas encore réparé et je l'ai bien traumatisé sur ce parcours difficile. Le retour à la course à pied n'est pas pour tout de suite.
Natation - 1.9KM : 38min
Vélo - 100KM (2500D+) : 4h30
CAP - 21KM (400D+) :1h55