Mon premier marathon à 24 ans : objectif le finir
Après avoir fait de l'athlétisme toute petite et goûté aux cross, les études universitaires m'ont éloignées de la compétition. Je me suis davantage tournée vers la route. Puis, n'étant pas assez rapide sur 10KM et ne me faisant pas plaisir, j'ai décidé de me bouger. J'ai voulu faire un truc à moi, quelque chose que Guillaume n'avait pas encore testé. Je me suis donc lancé le défi de passer sur marathon. Je n'avais pourtant pas fait de semi-marathons auparavant ou très peu. Motivée par l'exemple ma copine Sissi (Sylvaine Cussot), je me suis dit que moi aussi je pouvais m'y mettre. Mais lorsque l'on prépare son premier marathon, l'objectif est avant tout de le finir. De le finir bien, en prenant du plaisir (histoire de ne pas être refroidi pour se lancer sur la discipline) et d'y aller en mode découverte. Il y aura suffisamment d'occasions par la suite pour aller chercher le chrono. Néanmoins, l'objectif est de faire sous les 4h sinon, ça va vraiment être une longue couse!
A Madrid, pour se rassurer
Ecrit quelques année plus tard, il est toujours intéressant de faire ce retour en arrière sur son premier marathon. Pour moi, ce fut Madrid. Le marathon de Madrid s'est imposé à moi comme une évidence. Je voulais faire ce marathon à l'étranger, dans une grande capitale mais surtout dans une ville que je connais, dans laquelle je me sens bien. Madrid était donc la réponse logique vu que j'y ai fait une partie de mes études. Le profil n'est pas du tout évident. Le parcours emprunte plusieurs bonnes côtes et le dernier kilomètre est complètement en montée. Ce n'est pas grave, ce n'est pas la performance que je cherche mais le plaisir!
Une préparation modeste sans véritable plan
Pour atteindre cet objectif sans chrono, j'ai donc développé mon foncier et travaillé les allures. Je n'ai pas chercher à travailler ma VMA. Je me suis inspirée du plan de Sissi de 3h45 sur 10 semaines. Le marathon de Madrid était planifié mi avril, la prépa s'est donc réalisé dans l'hiver avec comme seule course repère le semi-marathon de Blagnac en 1h45. L'hiver est ma période préférée pour m'entraîner sur marathon: il fait froid, moche, nuit. Tout est plus dur, et c'est ce que j'aime; ça fait travailler le mental. Bon, ce n'est clairement pas propice pour belles grosses séances ni au cycle de prépa annuel mais c'est mon petit plaisir. Dans le marathon, c'est la prépa que j'ai le plus aimé. C'est un exercice solitaire qui me convient bien.
A J-7, vacances au Maroc
La semaine avant le marathon ce sont nos vacances: direction le Maroc pour sortir de l'hiver et s'habituer à la chaleur car à mi-avril il fait déjà bien chaud à Madrid. C'est le moment de décompresser et penser à autre chose même si on trépigne d'impatience d'y être et d'en découdre. Petit moment de panique quand je constate que je commence à perdre tous mes ongles de pieds. Allô Pierlo? Panique,j'appelle le spécialiste, Monsieur Pierre-Laurent Viguier (2h24). Ouf, me voilà rassuré, faudra juste bien panser et ça tiendra pour la course mais c'est normal.
Guillaume et Haile Gebresselassie, l'élément perturbateur
Lors du retrait des dossards, Guillaume réalise qu'il y a également un 10KM et que le parrain de la course n'est autre que son idole Haile Gebresselassie. Ni un ni deux, au culot, on va demander un dossard élite. C'est comme ça que, Guillaume, mon premier supporter, celui que devait n'être là que pour moi tout au long de la course, avant et après, s'invite à mon événement. C'est qu'il la veut sa photo avec le grand Haile! (lire ici). Je repars donc avec deux "race packet". Je suis tellement contente d'être là que rien ne peut me gâcher mon plaisir. Et surtout, je me demande comme Guillaume fait faire un 10KM après toutes les patisseries qu'il a mangé au Maroc juste avant!
42,195km
Le jour J est déjà là.
Question alimentation, je reste fidèle à moi-même, c'est à dire le strict minimum: un thé et un bout de gâteau sport, c'est déjà beaucoup pour moi. Mais je n'ai pas d'apréhension de ce côté là même si le fameux "mur" fait toujours peur. L'organisation est parfaite et il y a de nmobreux ravitos tout le long du parcours. Aucune raison de stresser. Et Guillaume va m'accompagner sur le deuxième semi.
Les départ du 10KM et du Marathon sont simultannés. Et ils se font sur deux allées : à droite le 10KM, à gauche le Marathon. Si bien que je ne verrai pas Guillaume. Chacun part de son côté. L'ambiance est incroyable. C'est ma première course avec autant de participants, plus de 6000 concurrents. C'est de la folie, l'exitation est à son comble. Je suis dans le SAS des 3h45
Un départ rapide
Je me cale rapidement dans la foulée des meneurs d'allure. Ils sont plus rapides que l'allure prévue. Je le leur dis mais ils préfèrent prendre de l'avance car souvent ça ralenti lors des passages aux ravitaillements. J'ai peur de partir en sur-régime et d'exploser. J'essaie de me caler à mon allure mais on est tellement facile sur le premier semi qu'on se laisse facilement emporté par l'événement. Je profite au maximum de la course. Je redécouvre tous les monuments et rues de Madrid, c'est un pur plaisir. L'ambiance espagnole comme je la connais est au rendez-vous. En tant que féminine, je suis encore plus choyée par le public, avec les encouragements épatants. Rien que pour cette ambiance, ça vaut le coup de faire un marathon en Espagne, vous ne le regretterez pas. Et c'est la première fois que j'ai mon nom sur le dossard, alors les spectateurs scandent mon nom, c'est génial.
Un mauvais passage
Rapidement, je me rends compte d'une chose bizarre, enfin étonnante aux ravitaillements: il n'y a pas d'eau, uniquement de l'isostar. Je n'ai jamais gouté ce produit, mais je n'ai pas le choix. Alors, je commence à prendre quelques gorgées. Puis, avec la chaleur, je prend un verre à chaque passage ... Entre temps, Guillaume fait son apparition. Il a eu le temps de finir son 10KM, rentrer à l'hôtel prendre l'appareil photo, me louper au 12KM car je vais plus vite que prévu et me retrouver vers le 25KM. Il enchaîne, et va au final se taper plus de 30km dans sa matinée! Ce n'était pas vraiment le programme de ses vacances. Bref, petit moment de solitude: troubles gastriques, arrêt obligatoire. Difficile de trouver un buisson en plein centre urbain. Oups. Ce sera la seule fois sur toutes mes courses que j'aurai des problèmes digestifs! De l'eau, c'est le mieux, maintenant je le sais. En plus, je découvre aussi la cohue aux ravitos. Quand tu fais des petits 10km ou semi en région, tu ne connais pas trop ça. Là c'est la foule et tu passes après une masse alors les pieds collent; ça fait une drôle d'impression. C'est ce qu'il y a de drôles dans les "premières fois".
On relance pour finir doucement
Bref, après cet épisode moins drôle, je me dis qu'il serait temps de rentrer à l'hôtel et d'en finir avec ce marathon. Guillaume est surpris de me voir aussi bien; je ne suis pas marquée, je n'ai pas de crampes, pas de signes d'un "mur". Pui, vient le fameux dernier kilomètre tout en montée pour rejoindre l'arrivée. Guillaume me dit même de marcher! Comment ça? Hors de question! Je vois pourtant du monde à l'arrêt, au ralenti. Je continue, je ne veux pas marcher une seule fois. Et je connais l'arrivée dans le Retiro. Grande satisfaction de finir de tout premier marathon en bon état et avec le sourire, sans trop de souffrance. Une très bonne expérience! Je ne suis pas prête d'arrêter et d'aller tenter le chrono maintenant que je sais ce que c'est un marathon et être marathonien. On s'en fait une montagne, on parle du mur, mais en fait c'est une expérience très personnelle et tout dépend de la façon dont on l'a préparé et dont on l'aborde. Guillaume est fier de moi. Il n'a pas arrêté de courir dans tous les sens, de prendre des photos et de filmer. Un très beau moment à deux. Encore plus quand il me raconte sa course et son moment si précieux dans la foulée de Haile!
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